mercredi 8 août 2012

dissection d'un biri de bénarès

La feuille du biri, vidée d'une non-négligeable quantité de tabac haché gros et fumée seule, dégage une légère saveur, mais semble d'abord sans effet pansinusien. Cela n'exclut pas, pensè-je alors,  hypothèse qui devait bientôt se renforcer, une action synergique avec les autres constituants du bidi complet. Une légère, très légère euphorie peut-être s'installe maintenant, mais l'effet de l'oxygène lui-même, lié à la forte aspiration nécessaire, n'est pas exclu. Par rapport à celle du bidi classique, la feuille de biri est d'un vert plus pâle, et sans doute un peu plus épaisse; les biris semblent renommés au sein des fumeurs de bidis justement pour leur léger effet psychodysleptique plus marqué. L'effet cancérigène en tout cas de cette feuille vide est assuré, tant la chaleur dégagée par la combustion rapide se ressent au niveau des doigts, des lèvres et de la cavité buccale ! La cigarette en apparaît comme un très astucieux dispositif permettant de réduire la perception de ce risque cancérigène physique, de par la combustion ralentie du tabac enserré par le roulage. Freud mourut d'un cancer bien local, mâchoire du fumeur de cigare, goudrons et température...

Un léger effet de dilatation des cavités sinusales intervient maintenant; je deviens persuadé que l'attrait du bidi réside dans l'association subtile, fruit d'une longue expérience de production artisanale, et du génie de l'Inde qui offre à chaque objet des facettes infinies et sans cesse nouvelles, entre une feuille de tendu (mais le biri est-il roulé dans du tendu où une autre varité ?)  et du tabac, dans une synergie de leurs actions isolément modérées; quelques additifs au tabac (bétel, etc...) peuvent sans doute aussi d'une production l'autre contribuer encore à cette alchimie savamment orchestrée des sens. 

L'effet euphorique est assez proche de celui obtenu précocement par une légère dose d'alcool; lorsque l'on fume un bidi (complet) l'effet précoce et brutal de la nicotine fera le lit de celui plus doux de la feuille de tendu. C'est ce que je confirme maintenant en fumant un biri non disséqué: sous ce bidi plein, préparé par cette première feuille vide, mes sinus s'ouvrent d'une façon jamais observée, jusque derrière les deux oreilles !

En conclusion, il existe bien un petit effet frontal incontestable de la feuille de biri isolée, sans vertige, mais euphorisant, et accompagné d'une légère stimulation de type amphétaminique, tous ces effets étant transitoires. Il faut noter que le biri procure un sommeil lourd, et que le lendemain en reste une certaine stimulation positive de l'intellect.

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