samedi 4 août 2012

écrits de bidi avec l. cohen, g. allwright, et e. cioran

Peut-on être enfin seul ?

Ces écrits-fragments sont lamentables de par le vide et l'ennui du lendemain - quoiqu'étant dans ce lendemain, je ressens cette fois plus une stimulation qu'un vide, ou un vide qui appelle à être empli. Aurais-je, comme je le pense, réussi par mithridatisation progressive et début tardif d'intoxication à éviter la dépendance, à sensibiliser mes récepteurs plutôt que de les éteindre et les multiplier, à élargir ma gamme d'enthéogènes, sans pacte d'exclusivité ?
 
C'est maintenant l'instant du premier gris plein du soir, et la terrasse qui vrombit, donc, n'a d'é-quivalents que la table seule. La voix du voisin porte tout un terroir; qui sommes-nous, peuple des sous-territoires ? Tu as envie d'être seul pour être tous. Demain est à risque. L'instant pur: est réflexion totale. Cette phrase spirale, domestique, africaine brûlot, vers l'attache-métal du centre à jamais fixé.
 
"Tu ferais la fête même sur ton bûcher", lui jetai-je à son départ risqué, et c'est notre bûcher, pourtant (à côté, cris d'affirmation sexuelle, que les parents entretiennent dans une convenue tenue, familialement correcte. Respirez ! leur disent-ils en somme; et eux répondent qu'ils ont besoin d'entraînement). Voilà la clef d'a-sol, l'entraînement familial que le Moi-Mère-Terre se refuse, cherchant une base sur l'herbe sèche d'été, vers cet humus non-su encore du demain - mais qui doit être... précis dans sa décomposition. Le retour de la famille ne nécessite aucun territoire. Il n'est pas de clef de sol, ce masque-solitude, tremblotant, territoire d'illusion, de religion, nous pauvres migrants, et toute une généalogie est seule gnose.

Nous naviguons toujours, nous dit Cioran, quelle que soient notre philosophie et notre  méta-phtysique, dans un rudimentaire d'éléments, hors tout concept, qui sont le foutoir sensitif premier et matriciel du temple bouddhiste, creuset de sensations pleines, formes, odeurs, fumées, lumières, sons, mouvements: toutes les catégories de l'objet total, diraient nos indianistes d'hier. Que la langue péniblement - sauf celle peut-être des rishis - s'acharne à retrouver vers le fond de sa quête stratigraphique, vers l'argile, puis peut-être la roche, quand le sanctuaire est vraiment succession - quand la flamme est ton coeur, ton corps, ton sang. Notre bûcher... dans les déchets seuls il faut chercher les enfants au petit matin; seule la femme tient ce miroir qui nous éloigne d'elle-déesse. Tous ces instants d'a-composition: où l'on sait. Mais il faudrait nous maintenir à une température tellement élevée...

Bidi.rek: les chansons sont pleines, mais tellement courtes !! Le temps ne s'y dilate pas ! Déjà ! Une autre ! Et si l'on atteint bien à la conclusion générale, on l'aspire bien vite (ces fortes sentences assénées par l'homme maintenant assis mais qui se retourne sur sa bataille au sein des éléments, qui faillit être perdue à cause de l'ordre, dans "Jusqu'à la ceinture", par exemple). C'est déjà moi qui commande à présent. Et la navigation se fait bien directe, entre les deux seules conditions de vie, l'astre du monde et l'astre du coeur; la moquerie ou les voiles ont laissé tout le reste au rang des prétextes domestiques, physiologiques; seule cette quête au sang et au noir de source permet une route plus loin, derrière ta tête, etc... Se noyer en Dieu, ou en son propre sang, dans son trauma généalogique total, est ce seul lien d'originaire.

Il nous faut aller là où la rivière Oka se jette dans la Volga, à Nizhny Novgorod, ex Gorki, confluent des Baltes Polekhi et des Slaves... Là ! faire le bûcher ! Jeter quelques unes de mes cendres au confluent de cette désescalade là ! Ecoutez ! Il ne sera jamais trop tard ! disent tous les mystiques ! Commencez ! Départ de toutes les croisades de seule intensité ! Un monde de seuls α-bosons d'intensité ! Condamnés à se com-prendre ! Tombant dans la conscience ! Sans plus de sens ! (Re)-commencer ma vie ! L'Asie est érotomanie, cela débuta sous la yourte magique, pour reprendre au retour d'Auroville; l'"amour fou" est double érotomanie ! Plongeons en plein hors les corps sexués ! - le grand amour: quand il n'y aura qu'elle pour alors t'applaudir -

Un jour il faut accepter, résonnai-je encore avec Cioran, de ne pouvoir aller plus loin, plus haut dans la quête, plus profond dans le sang; un jour il faut accepter tout ce qui demeure encore au dessus, accepter le trop de fatigue de la marche, accepter l'attente du prochain cycle; rester dans la soif tout en buvant l'extase de nos failles. Détrônés de ce monde, emportons-en le sceptre pour honorer la nuit d'un faste nouveau. Vacance primordiale. Vacaciones, vacaciones !

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